Randonnée dans les gorges du Gardon


Les Préparatifs de la Randonnée

Randonnée dans la boucle du Gardon - Voir la Vidéo et les Photos


Mercredi 11 novembre 2015 : Temps magnifique !


(par Jean-Paul)

Comme dans les grandes courses de montagne, il nous fallait une bonne fenêtre météo pour découvrir les gorges du Gardon. Deux dates avaient été proposées le 8 et 11 novembre, mais la majorité opta pour la seconde, choix tout à fait homogène au caprice des cieux.
Nous partons donc le 11 novembre, délaissant gentiment les commémorations, dopés par un temps merveilleux où la lumière d’automne rehausse les couleurs pastorales. Le rendez-vous était à Collias, petit village encore en pleine mue entre un passé moyenâgeux et un présent touristique car il est modestement caché à quelques méandres du majestueux pont du Gard. Mais la rivière est la même et les gorges où elle s’enfonce sont parfaitement envoûtantes.


Nous grimpons d’abord par des sentiers étroits sur les plateaux de garrigue avec quelques échappées sur le bord de la falaise pour admirer un paysage exceptionnel.



Les arbousiers proposent leurs derniers fruits et les buis et les yeuses nous font souvent une voûte agréable.


Sur le plateau notre caravane perturbe des chasseurs en pleine battue mais pas leurs chiens qui n’en finissent pas d’aboyer même une fois la caravane passée, tout à la poursuite de quelques sangliers.



Puis c’est la descente au cœur des gorges. Après une petite erreur de tracé rattrapé par le GPS de Serge nous abordons un chemin escarpé dont les marches de pierre ne sont pas du goût de Bernard. Mais il en a vu d’autres et avec courage et opiniâtreté il se joue de ces obstacles articulaires. Tant bien que mal le groupe arrive, par une succession de dalles au bord de la rivière. Rencontre baroque d’un sanglier volant écrasé sur la roche sans doute pourchassé par la meute. Deux vieux moulins gardent un ancien passage à gué et l’émeraude de la rivière contraste avec le calcaire blanc des rives.



Sous un soleil radieux, le site est apaisant et rafraichissant ; nous l’adoptons pour faire ripaille. Celle-ci comme de coutume est forcément arrosée de divers crus Morgon, Chiroubles et autre dive bouteille matinée d’un rosé bien refroidi dans le cours du Gardon. Pour le reste, les agapes se succèdent d’un sac à l’autre respectant un mois avant la cop21 la biodiversité culinaire.


Sur le versant d’en face une piste aux multiples lacets serpente vers le rivage. C’est dans ce décor sauvage que le film culte "le salaire de la peur" fut tourné il y a 60 ans. Les courbes très exposées sur le vide ont quelque chose d’angoissant.



En fin de ripaille un repos bien mérité séduit une partie du groupe ; les autres entament un petit tour de falaise pour découvrir la jolie chapelle de sainte Veredene enchâssée dans la roche avec dans l’alignement une baume éponyme. Cette grotte traverse la falaise sur une centaine de mètres dont la moitié en pleine obscurité. Chacun l’aborde à sa façon, les uns abusent du portable, car les ondes hertziennes seraient ici lumineuses n’en déplaisent aux chauves-souris, les autres apprivoise la pénombre avec un peu plus d’audace pour finalement déboucher sur le chemin du matin.





Mais le temps passe et les trois amateurs de via ferrata, Michel, Jean-Pierre et Jean-Paul, bien en retard partent au pas de course vers le rendez-vous de départ. Le reste du groupe moins motivé prendra le temps de rentrer tranquillement le long d’un itinéraire débonnaire avec quelque surprise : Un petit gué inattendu oblige à se déchausser pour apprécier la température de l’eau. Lors de la reconnaissance quinze jours plus tôt, le niveau d’eau était bien plus bas, preuve que le Gardon fait partie de ces fleuves cévenols aux humeurs automnales très lunatiques.



Pendant ce temps nos trois ferrateux ayant rejoint le moniteur d’escalade enchainent dans la foulée, traversées en paroi, échelles en dévers, tyroliennes plein gaz et descente vertigineuse en rappel.



La nuit tombe et tout ce petit monde se retrouve au bistro du village pour fêter dignement une si belle journée. Atmosphère enthousiaste, collations appréciables et devises baroques notamment pour pasticher le célèbre psaume n°136 que l’on aurait pu chanter au bord du Gardon.

Psaume N°136 bis

Etans assis aux rives aquatiques,
De Chantelyre, pleurions mélancoliques,
Nous souvenant avec compasSion
De ceux restés dans leur habitation
Où de regrets tant de pleurs épandîmes;
Aux chênes verts nos sacs nous pendîmes.

Lors, ceux qui là, ravis, se promenèrent
De ces chemins fort ne se lassèrent
Et de sillons facile à arpenter.

Las ! dîmes-nous, qui pourrait empêcher
Nos joyeux chœurs à chanter la louange
De ce beau lieu et cette terre étrange ?

Or, toutefois, puisse oublier ma dextre
L’art de grimper, avant qu’on te voit être,
Via ferratem hors de mon souvenir.

Ma langue puisse à mon palais tenir,
Si je t’oublie et si jamais j’ai joye
Tant que premier le Morgon je m’envoye
Mais donc Seigneur, à ta mémoire imprime
Ce camion qui au fond de l’abîme
Criait par peur d’un salaire brisé.
T’en souvienne que chacun d’eux disait :
Au sac, au sac ! Buvons et dégustons,
Et jusqu’au pied trempé dans le Gardon.
Aussi seras, gueuleton mis en miettes,
Et très heureux, si demain c’est la diète.
Le mal dont trop de près nous vient toucher
Heureux celui qui viendra arracher
Les tiens chanteurs d’une douce sinécure,
Pour les froisser contre les pierres dures.
JP Maraud (15 novembre 2015)

Participants : Josiane et Jean-Paul, Marie Carmen et Bernard, Nadine et Francis, Micky et Serge, Maguy et Daniel, Chantal et Michel, Marie-Agnès et Jean-Pierre, Sylvie et Pascal, Claudine, Mireille, Cédric.

Réalisateur vidéo : Serge

Chroniqueur : Jean-Paul.


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