L. Brauquier ... décennies de voyages



Louis Brauquier ... décennies de voyages

Heureux comme Louis Brauquier qui fit de beaux voyages
Vingtièmes réunissant sur la vague de l’enfance
Marseille Alexandrie, ses chères préférences.
Glissant des années douces aux courbures volages,
Trentièmes flamboyant, flirtant avec la chance
Les projets étaient fous le bateau était ivre.
Mais le bonheur s’affole et tangue à la dérive
L’acre amour s’est gonflé de torpeur enivrantes
Et vrai de trop pleurer les aubes sont navrantes ;
Se voudrait-il encore à l’ombre tropicale
De Saigon, Colombo et toutes ses escales.
Puis changement de cap devant les quarantièmes
Rugissant de plaisir vers les lieux que l’on aime
Un matin il partait, le cerveau plein de flamme,
Et il allait, suivant le rythme de la lame,
Au hasard des comptoirs de la Messagerie
Vers Shangai Djibouti, et vers Alexandrie.
Innocente illusion car la tempête menace
En ce sombre océan plein de désagréments :
Le beaupré abimé mais le gaillard tenace
Misaine déchirée mais solide gréement ;
Choqué et abattu, il fallait arriser ...
Les heures sombres s’épuisent le vent est à risée
Et l’horizon s’éclaire devant les cinquantièmes
Florissant d’espérance et de passions qu’on sème.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchante son sommeil d'un mirage doré.
Les soixantièmes aidant, il lâche l’aventure
Comme le douanier Rousseau il s’ouvre à la peinture
Poèmes et tableaux évoquent les voyages
Qu’il rêvait tant de faire à l’automne de l’âge.